Quatrième déplacement et donc quatrième épisode de la Zone Mixte de La Tribune Mancelle ! Le principe ? Interroger une personnalité qui connait bien le prochain hôte du Mans FC, afin d'avoir son analyse sur l'équipe et le match à venir.
C'est un déplacement inédit qui attend Le Mans FC. Les Sarthois vont affronter pour la première fois de leur histoire le GOAL FC. L'occasion idéale pour interroger notre expert du football rhodanien, en la personne d'Arnaud Clément, du Progrès.
Bonjour Arnaud. Les suiveurs de la TM te connaissent déjà un peu, mais pour les nouveaux peux-tu te présenter et nous évoquer ton lien avec le club du GOAL FC ?
Je suis journaliste au service des sports du Progrès à Lyon depuis 2019, en partie en charge du suivi des clubs de football rhodaniens, de l'OL aux clubs nationaux et régionaux, et donc des deux pensionnaires de National cette saison, le FC Villefranche-Beaujolais et le GOAL FC.
Pourrais-tu nous faire un rapide résumé de la transformation du club sur ces dix dernières années ?
Le GOAL FC, pour Grand Ouest Association Lyonnaise FC, est une entité nouvelle née en 2020. C'est la dernière des fusions d'un club qui n'a cessé de changer d'appellation depuis l'an 2000. Historiquement basé à Chasselay, un petit village cossu de 2700 habitants connu notamment pour ses vergers et son maréchage à 20 km au sud de Lyon. C'était autrefois un club départemental puis régional, devenu Beaujolais Monts d'Or en 2000, après son rapprochement avec le club d'Anse, puis Monts d'Or Azergues Foot en 2005, Monts d'Or Anse en 2017 (MDA Foot, un nom choisi sciemment puisque l'un des principaux partenaires était l'enseigne d'électroménager MDA), et enfin le GOAL FC en 2020 (1100 licenciés), avec le rapprochement avec les clubs de Champagne Sport, Tassin FC, le groupement féminin de Chazay d'Azergues (100 licenciés) et la section spécifique de Futsal Saône Monts d'Or (500 licenciées), promue dans l'élite cette saison sous l'appellation GOAL Futsal Club.
Pour la partie foot à onze, le club, qui a accueilli plusieurs anciens pros de l'OL en fin de carrière comme Ludovic Giuly, Sidney Govou ou Steed Malbranque en CFA 2 dans les années 2000, a accédé au CFA en 2010, et donc en National en 2023.
« L'objectif reste d'abord le maintien »
Comment juges-tu le début de saison du club, actuellement à la 9e place avec 8 points ?
Le début de saison est au-delà des attentes sur un plan comptable, car l'objectif pour un club néophyte à ce niveau et au budget assez mince (2,8M€) reste d'abord le maintien. Mais ce n'était pas volé car entre la continuité dans le choix des hommes cet été (12 éléments conservés de l'an passé), le vécu de plusieurs cadres à ce niveau ou dans le monde pro (Philippon, M'Dahoma, Camelo, Julloux, Dufau, Réale, Raspentino...), et surtout l'énorme discipline et sens du collectif montrés sur les cinq premières journées, l'équipe de Fabien Pujo a produit de très bons contenus, s'appuyant sur une belle efficacité dans les deux surfaces. Mais la dernière défaite à Rouen, où le GOAL FC a eu beaucoup plus de mal à exister et avec plusieurs absences, a montré que la route sera longue.
Le Mans et GOAL ont eu comme point commun d’avoir eu le même entraineur : Cris. Quelle trace a-t-il laissé du côté de chez vous ?
Cris, ami personnel du coprésident Jocelyn Fontanel depuis son passage à l'OL, n'a malheureusement pas pu être jugé convenablement pour une raison évidente nommée covid-19. Les deux saisons où il était à la tête de l'équipe, il y avait de belles équipes, ça coïncide avec le début des ambitions National du club, mais à chaque fois, la pandémie a mis des bâtons dans les roues. En 2019/2020, l'équipe est en tête de sa poule mais fait un 1 point sur 6 juste avant le gel du championnat en mars 2020, et se fait dépasser par Annecy, qui monte. Et l'année suivante, l'équipe part fort, élimine Bourg-Péronnas en Coupe de France et est encore en tête quand le championnat s'arrête après neuf journées.
Aujourd’hui, le club est coaché par Fabien Pujo, encore méconnu du grand public. Peux-tu nous parler de lui et du style de jeu qu’il prône pour son équipe ?
Fabien Pujo, en plus d'être quelqu'un d'affable et avec qui il fait bon échanger, est un coach vraiment apprécié par ses hommes car il les nourrit tactiquement, leur donne des caps clairs, sachant aussi bien tancer qu'encourager pour faire avancer.
On sent que ses diverses aventures précédentes en 18 ans de carrière de coach l'ont vraiment nourri. Cette saison, il affectionne davantage un système en 3-4-3, mais on a aussi vu du 4-3-3 ou du 3-5-2, avec des variations nettes dans les intentions. A Orléans ou Epinal, le GOAL FC a pas mal pris le jeu à son compte. Contre les grosses écuries comme Martigues ou le Red Star, on a davantage vu un bloc très resserré et discipliné, mais capable aussi de bien se projeter et faire mal en utilisant bien le ballon. Il y a une adaptation permanente aux forces du moment et aussi aux styles, forces et faiblesses de l'adversaire.
Un ancien Manceau figure dans l’effectif de GOAL, en la personne de Thibault Rambaud. Peux-tu nous parler de son début de saison et des attentes placées en lui ?
Thibaut Rambaud est arrivé dans un secteur assez concurrentiel (Raspentino, Socka, Goncalves, Assef) et a d'abord été cantonné au banc de touche ou laissé hors du groupe sur les trois premières journées. Mais il a saisi sa première titularisation en marquant un doublé à Sochaux, avant d'être plus discret contre Martigues et de retrouver le banc à Rouen. Il a été utilisé comme attaquant axial essentiellement et on sent que c'est un attaquant bosseur, qui aime combiner avec les autres.
« Le coach aurait préféré être d'emblée dans l'Ouest Lyonnais pour stimuler le côté traquenard »
Un mot sur le stade. Le club ne peut toujours pas recevoir dans son antre. Est-ce que cela peut devenir un problème ?
Le stade Ludovic-Giuly de Chasselay, entouré de champs et doté d'une seule tribune, est assez champêtre et a dû subir des travaux estivaux pour se mettre aux normes, notamment au niveau des vestiaires et des commodités. Mais il ne pourra être utilisable que mi-octobre, lorsque les LED des éclairages auront été livrés, les délais sont assez importants. Le club joue donc à 45 km plus au sud, à Saint-Priest. Et pour l'heure, il y est toujours invaincu (1V, 1N), donc ça ne l'empêche pas de fonctionner, même si le coach aurait préféré être d'emblée dans l'Ouest Lyonnais pour stimuler le côté traquenard, surtout face aux clubs pros qui jouent dans des stades modernes et d'un autre standing.
Un joueur du GOAL FC a absolument surveiller ce vendredi ?
Sur les deux dernières journées, l'équipe a été maintes fois sauvée par son portier Antoine Philippon, qui avait déjà connu le N1 (Moulins, Créteil, Villefranche) et même un peu de L2 (Troyes, CA Bastia). Il a sorti de sacrées parades et un pénalty face à Rouen. Sur le champ, l'équipe va enregistrer le retour d'Enzo Réale (ex-OL, Lorient, Clermont, La Duchère, Cholet...), qui est un peu le métronome. Il dicte le tempo, et est capable de trouver des passes-clés avec sa vision au dessus de la moyenne.
Le bassin géographique regorge de pas mal de clubs dans l’ombre de l’ogre lyonnais. On pense à Villefranche bien sûr, mais aussi Bourg, Lyon-Duchère, Saint-Priest... Est-ce que le GOAL FC a la volonté affichée d’être l’alternative n°1 à l’OL et y a-t-il une communauté de supporters suffisante pour en faire un nouveau porte-étendard régional?
C'est vrai que la concentration de bons clubs dans le Rhône et dans les départements alentours est impressionnante. On a cette année 7 clubs dans la poule de N3 AURA qui en comporte 14, et deux en National sur 18, c'est significatif je trouve. Le titre de club n°1 derrière l'OL est passé de Bourg (passé de L2 à N2) à la Duchère (passé de N1 à N3), puis à Villefranche aujourd'hui, selon moi. Ce n'est pas clairement annoncé par le GOAL FC que d'être ce porte-étendard, et ça me semble difficilement atteignable pour plusieurs raisons.
Déjà, le GOAL FC rayonne sur un territoire très large de près de 30 km, qui va des alentours de Villefranche aux alentours de Lyon, donc ce n'est pas toujours simple pour l'identification. Ensuite, malgré les gros efforts déployés sur la formation, il y a encore peu d'équipes qui évoluent au niveau ligue, comparativement aux autres gros clubs du coin. Et en termes de communauté de supporters, il n'y a jamais plus de 500 à 1000 supporters aux matchs.
Pour moi, Villefranche a un très net avantage à ce titre à plusieurs niveaux, mais notamment un : comme le disait l'ancien président du FCVB aujourd'hui disparu, Jean Gâchon, "la Calade (les habitants de Villefranche sont les Caladois) et le Beaujolais forment des territoires à part", c'est-à-dire à l'écart du Lyonnais, autour d'une ville de 40 000 habitants qui a un autre tissu industriel, fière de sa viticulture et de ses conscrits. Ce qui explique des affluences bien supérieures, un attachement plus marqué, une histoire plus riche aussi (création en 1927, une saison en D2 en 1983-1984). Mais comme on dit, "tout va très vite en football", et il ne faut pas oublier que le FCVB comme le GOAL FC évoluaient au niveau régional en 2000..
Le traditionnel pronostic pour le match de vendredi?
Intrinsèquement, Le Mans est d'une qualité supérieure en termes d'effectif, et la logique voudrait que... Mais si le GOAL FC affiche la même détermination, le même engagement, la même solidité que face au Red Star, Sochaux ou Martigues, ils sont encore capables de prendre un point sinon plus !
Un grand merci à Arnaud Clément pour sa disponibilité. Vous pouvez le suivre sur Twitter et le lire dans Le Progrès.
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