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Arnaud Roszak : "Orléans est une équipe qui revient de loin"

Nouvel épisode de la Zone Mixte de La Tribune Mancelle ! Le principe ? Interroger une personnalité qui connait bien le prochain adversaire du Mans FC, afin d'avoir son analyse sur l'équipe et le match à venir.


Ce lundi, Le Mans FC rend visite à son voisin de l'US Orléans. Deux clubs aux trajectoires présentant beaucoup de similitudes depuis la tragique saison 2019/2020. Pour prendre un peu la température du côté des Guêpes, nous avons interrogé la voix du club sur les ondes FM, Arnaud Roszak.




Bonjour Arnaud, pouvez-vous vous présenter et nous raconter votre lien avec le club de l'US Orléans ?


Je suis journaliste sportif pour la radio France Bleu Orléans depuis 1 an désormais. Je m’occupe du suivi de l’actualité sportive des différents clubs loirétains, avec un accent mis sur le club de basket (Orléans Loiret Basket) et le club de foot (USO). Je suis l'équipe au quotidien. Je vais aux entrainements les veilles de match, pour les conférences de presse notamment. Je commente leurs rencontres à domicile, et certaines à l’extérieur.


Justement, est-ce facile de rester neutre et objectif en tant que commentateur ou s’autorise-t-on à un peu de chauvinisme ?


L’objectivité en journalisme est un concept un peu flou, par contre je crois en l’honnêteté intellectuelle. Oui, je les suis au quotidien et, on ne va pas se mentir, c’est plus agréable de suivre une équipe qui gagne des matchs et qui joue la montée… J’ai forcément envie de les voir réussir, et quand ils jouent bien je le dis. Par contre, quand ils jouent mal, je le dis aussi ! Et c’est arrivé un paquet de fois la saison passée. L’un n’empêche pas l’autre à mon avis.


Concernant le métier de commentateur sportif à la radio, les gens qui nous écoutent n'ont pas les images donc il faut aussi faire vivre les choses, ça veut dire s’enflammer sur des actions, gérer le tempo de son commentaire, faire en sorte que ce soit sympa, s’autoriser des petites blagues de temps en temps. C’est un subtil mélange, mais, oui, il faut s’autoriser l’enflammade. Il faut se faire plaisir et essayer de rendre ça agréable pour celle et ceux qui nous écoutent.


Faisons d'abord un petit flashback sur la saison 2022/2023 : la montée en L2 était clairement l'objectif, le mercato a priori réussi sur le papier, mais pourtant la saison fut moyenne voire décevante avec une 10e place. Quelles raisons peuvent être invoquées pour expliquer cet exercice sensiblement raté ?


La saison 2022/23 a été assez particulière. Factuellement je pense que Xavier Collin, qui était déjà là lors de la saison précédente, n'a pas eu beaucoup de chance. Il a du gérer énormément de blessés lors de la phase aller, jusqu’à son licenciement en décembre 2022 après la défaite au Mans (2-0). Il a constamment bricolé sur cette première partie de saison, en restant très centré sur ses principes. C’est un coach qui avait basé son recrutement justement sur la volonté de construire son équipe autour d’un 3-5-2 avec une animation axée sur des latéraux pistons qui auraient du faire des allers-retours incessants. Cela a été très compliqué à mettre en place parce que justement ces latéraux titulaires ont eu du mal : Adrien Pagerie a connu beaucoup de blessures et a fait une saison quasi-blanche, et côté droit Brandon Agounon a été suspendu 4 mois au bout du troisième match contre Nancy (pour une altercation avec l’arbitre). Après le reproche qu’on peut faire à Xavier Collin est qu’il est un petit peu mort avec ses principes. Il manquait d’adaptation.



Adrian Dabasse, sur la première partie de saison, a aussi été blessé aux deux voutes plantaires. Le staff médical a eu du mal à identifier le problème et il a mis du temps à revenir. Le recrutement sur le papier était très clinquant mais il y a eu aussi des déceptions. Ahmad Allée, meilleur joueur du Stade Briochin, qui devait être le métronome, celui qui dicte le tempo dans l’équipe, n’a finalement jamais trouvé sa place. C’était plutôt un joueur qui ralentissait le jeu, ce qui est très particulier quand on connait sa qualité technique. Grégory Berthier aurait du être aussi l’un des détonateurs. Quand il est dans un bon jour, il a largement le niveau pour la Ligue 2. Malheureusement il est trop irrégulier. La saison dernière a été à l’image de ce garçon-là : dans les bons jours jours il est hyper talentueux et facilite le jeu de son équipe, et dans les mauvais jours c’est tout le contraire, il ralentit le jeu.


Globalement il y a eu d’énormes failles mentales aussi chez ces joueurs. Enormément de matchs nuls et de défaites ont été concédés après avoir ouvert le score. Une incapacité mentale à tenir le résultat que Nicolas Usaï a partiellement amélioré sur la deuxième partie de saison. Sans être capable de jouer les premiers rôles, l’USO a alors bien mieux négocié les matchs couperets contre les équipes de milieu et bas de tableau ce qui a permis d’assurer le maintien a quasiment 3 journées de la fin, presque un luxe avec la physionomie de la saison. Mais cet exercice fut clairement un échec puisque depuis sa relégation, l’USO termine avec son plus petit nombre de points (44) .


« Une patte Casoni a déjà été perçue »

Quel bilan tirez-vous du mercato effectué cet été, peut-être moins ronflant que l’an passé ?


Sur le papier, effectivement, il est moins ronflant. Cela correspondait à la stratégie établie par Nicolas Usaï, avant qu’il s’en aille. Il m’avait expliqué que selon lui, quand on est en National, la bonne stratégie est d’aller chercher des hommes dans les divisions inférieures, qui ont staté, performé, et qui doivent passer un cap dans cette division, avec cette envie de progresser. Il prenait beaucoup l’exemple de Martigues et de Concarneau, les plus petits budgets d'alors, ce qui ne les empêchaient pas de très bien performer.


Cela a été donc fait cette saison en allant chercher des profils moins clinquants comme Adama Niakaté (Racing) , Philippe Etoughe (Louhans) mais aussi Arnold Vula (Racing) que l'on n'a pas encore eu l’occasion de voir jouer mais qui sur le papier fait partie des bons profils à aller chercher en N2. Jérémi Santini (Toulon) aussi, qui est le beau-fils de Casoni, et qui réussit un bon début de saison.



On a aussi des joueurs expérimentés, comme Ryan Ponti (Bourg). À coté de ça, il y a des paris à l'image de Vincent Marcel, ancien grand espoir de l'OGC Nice et qui évoluait en D1 bulgare dernièrement. Ces joueurs-là doivent apporter une plus-value car ils ont besoin de confirmer les attentes autour d’eux.


Il y a eu aussi pas mal de départs bien sûr. C'était une volonté de vendre, de faire partir les joueurs qui n'avaient pas répondu aux attentes. Mais l’USO a réussi aussi à garder certains de ses cadres, comme Dabasse ou Viot. C’est aussi une stratégie qui correspond à la réalité économique du club : le budget de l’USO a été diminué de 25% (en passant de 5 à 4 million environ).


Le choix du nouveau coach a pu surprendre. Bernard Casoni a beaucoup d’expérience, mais n’a plus entrainé à ce niveau depuis 2010. Que pensez-vous de ce choix ?


Oui, ce choix a été très étonnant parce que Philippe Boutron (le président) disait qu’il voulait un coach très connaisseur du National pour aller sur cette stratégie du moins bling-bling. Karim Mokeddem était le choix n°1 à un moment, mais il a finalement décliné car il ne voulait aller qu’au Red Star alors. Hervé Della Maggiore a été rencontré, tout comme Laurent Peyrelade, et finalement c’est Bernard Casoni qui a été choisi.


Il a déjà coaché en National (18 matchs), certes, et c’est là d'ailleurs qu’il a eu sa meilleure expérience puisqu'il y reprend Evian Thonon Gaillard en janvier 2010 et est champion avec quelques mois plus tard. Puis il sera champion de L2 et vivra une 1e saison en L1 en 2011/2012 où il termine dans la première moitié de tableau. Mais ce choix étonne aussi car sa dernière expérience en France c’est en 2017 à Lorient. Depuis il restait sur des expériences en Afrique du Nord (Algérie, Maroc) et au Qatar.


Bernard Casoni | © US Orléans

A-t-il déjà pu imprimer un style particulier à l’équipe pour ces premiers matchs ?


Cette arrivée est plutôt satisfaisante pour le moment, notamment lors des deux matchs à domicile : une patte Casoni a déjà été perçue. On aurait pu s’attendre à un coach très défensif mais en fait c’est plutôt le contraire. C’est une équipe qui a de l’allant. Avec une assise défensive, c’est sur, mais cela reste avant tout une équipe joueuse, courageuse avec le ballon. Viot ne dégage pas aux 6 mètres mais joue court. Les défenseurs n’hésitent pas à jouer le 1v1 pour éliminer et s’ouvrir le jeu. C’est assez prégnant quitte à subir le pressing et des pertes de balle. Mais Casoni est clair là-dessus : si vous faites des erreurs et que cela coûte un but, ce n'est pas grave ! Son credo : soyez courageux, soyez acteurs de vos matchs.


C’est aussi une stratégie du coach afin de redonner confiance à cette équipe-là. Il a repris un groupe traumatisé de la saison précédente, beaucoup de joueurs sont encore là. Alors cela ne se voit pas encore beaucoup pour le moment sur les buts inscrits mais c’est aussi car il manquait de cartouches offensives, ce qui va être corrigé rapidement.


« Il y a un vrai décalage entre la réalité du terrain et les attentes des supporters »

L’USO a été assez fragile à domicile la saison passée (4 victoires pour 5 défaites). Quel est l'ambiance à la Source ? Le public joue-t-il son rôle de 12e homme ?


Pour faire une belle saison, il faut être performant à domicile. La saison dernière, la première victoire n'a été obtenue qu'en novembre (Avranches, 12e journée). Xavier Collin avait des rapports compliqués avec les supporters. Pas forcément avec les Drouguis (le groupe d'ultras) mais plutôt avec ceux qui étaient autour de la tribune présidentielle. Au cours d'une conférence de presse, il était déjà rentré dedans en disant que ces supporters ne soutenaient pas le club et passaient leur temps à râler. Usaï avait aussi dit qu’il trouvait que le contexte était particulier ici, cela jouait sur les performances des joueurs.


On a vu des scènes d'ailleurs assez parlantes dès ce début de saison. Contre Martigues, avec la volonté des joueurs de jouer les 1v1 face au pressing, parfois cela crée des situations stressantes avec des attaquants adverses pouvant récupérer le ballon. Alors on entendait les supporters crier de dégager le ballon, de le sortir… À ce moment-là, Casoni est sorti de sa zone technique pour s’exprimer directement aux supporters en leur disant: « Foutez leur la paix, laissez jouer ! ». C’est assez parlant sur l’ambiance qui règne parfois.


On sent qu’il y a de la lassitude chez les supporters avec une 4e saison en National. Le public peut être parfois compliqué, il en demande beaucoup comme tout les supporters, mais des fois la réalité du terrain ne permet pas toujours de combler les attentes du public. Et l’année dernière les attentes étaient très hautes. Quand on regarde la situation d'autres clubs comme Nancy ou même Bourg, je me dis que l’USO est à sa place. Oui les supporters ont envie de voir leur club plus haut, mais des fois ce n’est tout simplement pas faisable. Et quand on voit comment ce championnat est dur encore cette saison, il y a un vrai décalage entre la réalité du terrain et les attentes des supporters.



Faisons un premier bilan de ce début de saison et les 3 premières rencontres jouées par le club. Quels premiers constats pouvez-vous en tirer  ?


Le bilan est contrasté au niveau des résultats (1 victoire, 2 défaites). Le plus mauvais match c’était contre Rouen très clairement. L’analyse de Casoni était juste à la fin : trop de cartouches laissées au FCR qui est une équipe qui va très vite en transition. Mais j’ai plutôt envie de rester positif parce que c’est vraiment une équipe qui revient de loin, qui est traumatisée de la saison passé et qui a beaucoup de recrues. Mais elle est courageuse. Sur les deux premiers matchs que j’ai commenté à domicile, je me suis pas ennuyé en fait. Et ça, rien que par rapport à la saison précédente, c’est un point positif ! On voit du jeu à l’USO. Certes parfois il y a des imprécisions, parfois il y a des pertes de balles qui peuvent amener des occasions adverses, mais au moins il y a une volonté d’aller vers l’avant. Malgré un secteur offensif dépeuplé sur le début de saison, il y a du jeu. Je demande à revoir pour l’instant. Cet USO 2023-2024 est joueur, pourvu que ça dure et qu’on prenne du plaisir au stade de la Source.


Un mot sur le seul ancien manceau actuellement au club, Vincent Viot ?


Vincent Viot était très clairement le meilleur Orléanais, et de très loin, la saison dernière. C’est le plus régulier. Sa première partie de saison était exceptionnelle. Sans lui, l’USO aurait été dans la zone rouge à un moment de la saison. Il surfait sur son expérience précédente à Concarneau. À mes yeux, il a largement le niveau pour être titulaire en L2, voire n°2 en L1. Il est exceptionnel sur sa ligne, d’une fiabilité à toute épreuve. C’est un miracle qu’il soit encore là cette saison. Il est sous contrat et le président avait annoncé qu'il ne partirait pas, même s’il a eu quelques touches avec des clubs du niveau du dessus. C’est un leader de terrain, qui parle beaucoup. Un cadre par son leadership mais aussi tout simplement par ses performances.


« Viser la montée sur les deux ans »

Si vous deviez retenir un joueur orléanais à surveiller particulièrement pour les Manceaux lors de la prochaine rencontre  ?


Logiquement, Kevin Fortuné fera son retour puisqu’il a purgé ses 3 matchs de suspension. Donc il sera possiblement titulaire. Il y a une grosse attente autour de lui de la part de son coach parce que dernièrement il n'avait pas beaucoup de solutions offensives. Fortuné reste sur une saison plutôt aboutie à l’USO même s'il a connu quelques moments plus compliqués. Il a terminé meilleur buteur (10 buts) et meilleur passeur (5 passes). Heureusement qu’il était là lui aussi car il n'y avait que lui à un moment pour planter. Il sera plutôt en jambes car il a pu jouer la Gold Cup avec la Martinique cet été. Il se plait bien dans ce club. C’est un leader de vestiaire. Je pense que ce sera lui qui sera à suivre.



Quelles ambitions peuvent nourrir les Guêpes pour cette saison ? La montée est-elle clairement envisagée ?


Ce n’est plus dit comme ça en tout cas. Beaucoup de clubs ne parlent plus de montée car la saison dernière a laissé trop de séquelles sur ce sujet, notamment avec le cas de Nancy. Ce championnat est tellement bizarre qu’on ne se prononce plus. Lors de la conférence de presse de présentation de Casoni, ce qui a été dit c’est de viser la montée sur les deux ans (la durée du contrat l'entraineur). Je pense que l’objectif pour l’USO serait de faire partie du bon wagon. Celui qui regarde plus vers le haut que le bas, sans même parler de montée. Si à la trêve, l’USO est dans le top 5 ou 6 en étant à quelques unités des 2 premiers, ce serait déjà pas si mal. Mais pour ça il faut déjà mettre les adversaires à distance vers le bas. C’est un sacré défi !


Finissons par le traditionnel pronostic : quel sera le score du match selon vous ?


Je suis terriblement mauvais en pronostic. Je vois que Le Mans reste sur beaucoup de matchs nuls alors qu’Orléans n'en a pas encore fait… Alors je verrai bien un match nul avec des buts, notamment grâce au retour de Fortuné et peut-être les premières minutes de Marcel. Disons un 2-2 !


Un grand merci à Arnaud Roszak pour sa disponibilité. Vous pouvez le suivre sur Twitter et l'écouter sur France Bleu Orléans.


© Arnaud Roszak

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