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Au Mans FC, Cyril Yvon redonne vie au passé

Supporter du Mans FC depuis son plus jeune âge, Cyril Yvon a tout connu avec les Sang et Or, des débuts du MUC 72 à la liquidation judiciaire en 2013, en passant par les années Ligue 1 et désormais la reconstruction progressive. Au fil du temps, ce passionné s’est construit une impressionnante collection retraçant l’histoire de son club favori.


Cyril Yvon et Le Mans FC, une histoire d’amour qui dure depuis 39 ans | © Antoine Fraysse

MULSANNE (Sarthe). Il est 14 heures. L’averse vient de cesser et le soleil illumine à nouveau les pelouses de la Pincenardière. À cent-vingt minutes du coup d’envoi de la rencontre entre l’équipe réserve du Mans et Saint-Sébastien-sur-Loire, le centre d’entraînement du club sarthois semble désert. Pourtant, un homme s’affaire discrètement dans les locaux du club, passant tour à tour par le parking, la buvette et le club-house. « Plus qu’à tester le micro et tout est prêt ! ». Comme toutes les deux semaines, c’est lui qui est chargé de l’animation des matchs à domicile. Mais résumer Cyril Yvon à son simple rôle de speaker serait quelque peu réducteur. Le Sarthois de 46 ans est en fait un véritable musée du Mans FC à lui seul, ayant en sa possession des centaines de maillots et d’objets sur l’histoire du club.


À la naissance du Mans FC, le 7 juin 1985 sous le nom de « Mans Union Club 72 », Cyril n’a que sept ans. « C’est mon papa qui a commencé à m’emmener au stade avec son oncle qui habitait rue Lafayette à deux kilomètres de Léon-Bollée ». Tout de suite, la magie opère. L’engouement du public, l’enjeu des matchs et la belle tunique « Sang et Or » ne le laissent pas indifférent, si bien qu’il se prend rapidement au jeu. Et pour matérialiser sa nouvelle passion, quoi de mieux qu’un objet aux couleurs du club ? « Mon papa m’achetait régulièrement une écharpe ou un fanion à la boutique. Puis j’ai commencé à garder un billet, un programme de match… et tout doucement j’ai commencé à structurer ce genre de choses ». Un début de collection auquel s’ajoutent les articles du Maine Libre, avec les « pages jaunes » dédiées au sport – et donc au MUC 72 – qu’il récupère chez ses arrière-grands-parents.


Maillot extérieur porté par Willy Bolivard lors de la saison 1998-1999 | © Antoine Fraysse

Les années passent et l’investissement de Cyril ne fait qu’augmenter, tout comme la quantité d’objets accumulés. « Ce n’était pas inné chez moi, je ne me suis pas dit d’un coup que j’allais tout collectionner. Mais au fur et à mesure, je me suis mis à archiver saison par saison, date par date. Aujourd’hui, j’en suis à mon 105ème classeur ». Un travail titanesque qui l’occupe quatre à cinq heures par semaine, sans compter celles passées à préparer l’animation des matchs du week-end. « On ne s’arrête jamais quand on est archiviste » confirme Cyril. Toujours en quête de la perle rare, il n’hésite pas à se rendre à des vide-greniers pour dénicher un objet made-in Le Mans FC. « Récemment, j’ai trouvé un maillot datant des années 90 au milieu de vêtements qui ne ressemblaient à rien du tout. C’est la couleur qui m’a attiré ».


La collection de Cyril contient à l’heure actuelle plus de 80 maillots de toute époque, dont la valeur sentimentale est pour lui inestimable. Tout comme la valeur pécuniaire, mais ce n’est pas ce qui l’intéresse. « On pourrait me proposer 2 000 €, je n’en voudrais pas ». Une vision des choses qui se trouve parfois à contre-courant des tendances actuelles, où le maillot devient un objet d’enchère voire un business à part entière dont beaucoup tentent de profiter. « Avec de l’argent tout le monde peut devenir collectionneur. Chacun a sa philosophie. Moi, mes archives ont un vécu, une histoire, c’est ça qui est important ».



Une volonté de partage


S’il a choisi de ne pas exposer sa collection sur internet, Cyril est en revanche toujours partant pour prêter ses archives à des anciens joueurs qui peuvent ainsi se replonger dans leur propre passé. Il n’hésite pas non plus à aider. Franck, statisticien pour La Tribune Mancelle, a déjà fait appel à lui pour compléter sa base de données : « De temps en temps, Cyril me propose un carton rempli de vieilles coupures de presse qui me permettent d’aller chercher de nouvelles infos, éventuellement d’en corriger d’autres ».


Les fanions et programmes de match, caractéristiques d’une époque désormais révolue… | © Antoine Fraysse

L’an dernier, c’est un projet à plus grande échelle que Cyril a décidé de mener en faveur de Louison, jeune sarthoise de neuf ans née avec une malformation à l’oreille. Pour aider ses parents à réunir les 100 000 € nécessaires à l’opération, il décide d’écrire un livre sur l’histoire du club pour leur reverser l’intégralité des bénéfices. « Le but était d’aller chercher les témoignages de tout l’environnement du club. Pendant six mois je suis allé voir une trentaine de personnes ». Anciens joueurs, entraîneurs et journalistes se confient à lui pour apporter leur pierre à l’édifice. Malheureusement le club s’oppose finalement à la publication du livre. Pas de quoi décourager Cyril qui monte une tombola solidaire et mobilise plusieurs donateurs. Le projet est une réussite totale. « Aujourd’hui, Louison a une belle oreille et vit comme toutes les petites filles de son âge. Je crois que redonner le sourire à un enfant, il n’y a rien de plus beau ».


Par ricochet, cette belle action aura permis à Cyril d’évoluer au sein du club, passant de simple bénévole à membre du conseil d’administration. Un nouveau rôle qui lui donne l’occasion d’encourager la valorisation de l’histoire du Mans FC. « Aujourd’hui c’est quelque chose qui est inexistant au club. Dans les couloirs de la Pincenardière, ça doit sentir l’histoire ! »  L’échéance des 40 ans du club, en 2025, semble l’occasion parfaite pour renouer avec le passé. Différents projets sont en réflexion, dont le fameux livre qui pourrait être remis sur la table des discussions. L’idée d’inviter tous les anciens joueurs du club a aussi été évoquée. Quoi qu’il en soit, nul doute que Cyril s’investira corps et âme dans cet événement. Avec toujours le même objectif, faire perdurer l’identité du club à travers le temps.

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