Comme chaque année, la Zone Mixte de la Tribune Mancelle poursuit son tour des terrains adverses. Le principe ? Interviewer une personnalité qui connait bien le prochain adversaire du Mans FC pour obtenir son analyse sur l'équipe et le match à venir.
Cette deuxième Zone Mixte se penche sur un adversaire qui entame sa deuxième saison consécutive en National : le FC Sochaux-Montbéliard. Pour en parler, nous avons décidé d'interviewer Florian Pasqualini, membre des Sociochaux.
Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je m'appelle Florian Pasqualini, membre du CA des Sociochaux et supporter du club depuis plus de 30 ans. Le mouvement "Sociochaux" a été fondée en 2018 contre les décisions de l'ancien propriétaire hongkongais. Près d'un an plus tard, le mouvement est devenu une association. Les sociochaux sont composés de repreneurs, d'anciens joueurs et de représentants des collectivités locales.
L’année passée, Sochaux a vécu ce que Bordeaux vit cet été, à la différence que le club du Doubs a pu obtenir le droit d’évoluer en N1. Pour vous, le FCSM aurait-il eu le même sort sans les socios ?
Sans les socios, le club aurait disparu, mais cela vaut également pour les collectivités et les entrepreneurs locaux. Si l'un de ces acteurs avait manqué à l'appel, le sauvetage aurait été impossible. Au-delà des 11 000 socios, ceux-ci ont également permis de rassembler les collectivités autour de la table et d'attirer des investisseurs parmi les repreneurs. Nous avons été un moteur et nous sommes l'un des trois piliers du sauvetage, aux côtés des entrepreneurs locaux et des collectivités.
Revenons sur la saison 2023-2024 du FCSM. Malgré un début de saison tardif, le club s'est immiscé pendant quelques semaines dans la lutte pour la montée. Qu'a-t-il manqué selon vous ?
C'est une saison presque inespérée, car le club visait le maintien en août lors de la reprise. Les dirigeants ont monté une équipe en seulement dix jours, composée de recrues et de jeunes de notre centre de formation. Jouer la montée à mi-saison relevait presque de l'exploit.
Pour autant, la qualité de jeu développée par moments était vraiment belle à voir et rappelait de belles périodes de l'histoire du club. Mais la Coupe de France, avec les exploits répétés et les éliminations de deux clubs de Ligue 1, Lorient puis Reims, avant une défaite face à Rennes, a généré un engouement incroyable mais a aussi demandé beaucoup d'efforts.
Cette débauche d'énergie, avec un effectif restreint, a entraîné des pertes de points en fin de match entre janvier et mars, dans des rencontres clés pour la montée, comme celle face au Mans où nous menions 2-0 avant de perdre le fil en deuxième mi-temps.
Ces points perdus, semaine après semaine, ont semé le doute dans une équipe relativement jeune, si bien que nous avons commencé à regarder vers le bas. Toutefois, nous n'avons pas trop tremblé pour le maintien, car les joueurs ont su se ressaisir.
"Il n'y a rien de plus beau que de voir un jeune joueur démarrer à Bonal et de le retrouver quelques années après en équipe de France ou encore en Ligue des Champions."
Sochaux est réputé pour son centre formation, l’un des plus performants au niveau national. Selon vous, qu’est-ce qui fait la force du centre ?
Si on s'est battu l'été dernier c'est aussi pour sauver le centre de formation. La force de notre centre provient de plusieurs facteurs. Une histoire d'abord car c'est le plus vieux centre de formation de France, il date de 1974. Des infrastructures plutôt bonnes ensuite même si certaines méritent un rafraîchissement, mais ça va venir.
Une politique de recrutement intelligente et bien menée chez des jeunes de toute la France. Un recrutement facilité aussi par la réussite des joueurs qu'on a formé ces dernières années et qui sont un exemple : Ibrahim Konaté de Liverpool, Marcus Thuram à l'Inter Milan, Lucien Agoumé qui vient de signer au FC Séville, Cédric Bakambu qui jouait à l'OM il y a peu, Willy Kambwala à Manchester qui vient de signer en Espagne, Thierno Barry qui a été transféré de Bâle à Villareal pour 15 millions d'euros cette semaine, Alan Virginius à Berne, Eliezer Mayenda à Sunderland, Jérôme Roussillon en Allemagne ou Maxence Lacroix capitaine de Wolfsburg et encore beaucoup d'autres…
À ces exemples s'ajoutent des entraîneurs de qualité avec une exigence du plus haut niveau. Ces formateurs sont des anciens joueurs formés au club qui ont eu une belle carrière en professionnel, ont gagné des titres au plus haut niveau et joué la Coupe d'Europe, comme Pierre-Alain Frau, Sylvain Monsoreau ou Michaël Isabey. Il y a une transmission de la culture club, de l'amour du beau jeu et de la performance. On mise aussi beaucoup sur la partie scolaire avec des jeunes qui sortent diplômés. Mais avant tout, sortir des jeunes c'est un savoir-faire. Ne pas avoir peur de les lancer en pro quand ils en ont la faculté et les mettre dans les meilleures conditions possibles pour performer sans être trop impatients avec eux. C'est l'ADN de notre club.
Il n'y a rien de plus beau que de voir un jeune joueur démarrer à Bonal et de le retrouver quelques années après en Équipe de France ou encore en Ligue des Champions. Par exemple, trois joueurs formés à Sochaux étaient sur la pelouse lors des deux dernières finales de la Coupe du Monde : Ivan Perisic pour la Croatie en 2018, Ibrahim Konaté et Marcus Thuram pour la France en 2022. C'est beau.
Cet été, Armand Gnanduillet a rejoint le FC Sochaux-Montbéliard. Quelles sont vos attentes sur lui ?
C'est le nouveau leader d'attaque, remplaçant Kévin Zohi avec un profil plus athlétique, ce qui faisait défaut l'an dernier. Grâce à son expérience et à sa connaissance du championnat de National, il doit tirer l'équipe vers le haut et encadrer les jeunes. Noah Fatar, Alex Daho qui est malheureusement blessé, Martin Lecolier et N'Dri Koffi sont de jeunes joueurs. Il doit leur montrer la voie, tant par son état d'esprit que par ses performances devant le but. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est là.
Selon les retours que nous avons, ses performances à l'entraînement sont très bonnes. Nous espérons que cela se concrétisera en match. Une équipe qui ambitionne de monter a toujours besoin d'un attaquant décisif dans ses rangs. Il pourrait être rejoint par un autre attaquant expérimenté dans les jours ou semaines à venir. Nous verrons bien. Mais nous sommes déjà satisfaits de ce recrutement, d'autant plus qu'il a ouvert son compteur lors de la première journée, avec une belle activité en prime.
Karim Mokeddem est également arrivé lors de l’intersaison. Comment se passe la transition sachant que les supporters avaient apprécié Oswald Tanchot ?
Oui, Oswald Tanchot était apprécié des supporters. Il était proche des gens, et l'été dernier fut très pénible pour lui. Malgré tout, il a relevé le challenge dans des conditions compliquées. Grâce à son travail, il a été sollicité à un niveau supérieur et a quitté le club cet été. Nous le remercions pour son travail et les belles émotions qu'il nous a fait vivre la saison passée, et nous le recroiserons avec plaisir.
Karim Mokeddem, il faut bien avouer que très peu de monde le connaissait. Mais son discours semble posé, positif, et les dirigeants qui l'ont recruté louent sa connaissance pointue du football et de Sochaux. Il a déjà montré une vision acérée du club et de l'effectif à son arrivée cet été. Il a rapidement identifié les points forts à entretenir et les points faibles à corriger. Il a également imposé un nouveau système tactique, avec de nouvelles animations offensives et défensives qui doivent se mettre en place progressivement.
C'est un vrai passionné. Il aura un bel effectif pour atteindre les objectifs ambitieux qui lui ont été fixés. À lui de mettre tout cela en œuvre pour que la mayonnaise prenne. Nous lui souhaitons toute la réussite du monde, car cela signifiera que nous sommes heureux en tribune.
" Le club n'a pas les structures pour évoluer en National et il doit remonter en Ligue 2 le plus tôt possible, de préférence dès cette saison."
De nombreux suiveurs, la Tribune Mancelle inclue, voient Sochaux comme un prétendant pour la montée. Pensez-vous que le club est prêt à assumer ce statut de favori ?
Favori ? Je ne sais pas si Sochaux l'est, mais le club ne se cache pas derrière son petit doigt, car c'est aussi une question de pérennité. Le club n'a pas les structures pour évoluer en National et il doit remonter en Ligue 2 le plus tôt possible, de préférence dès cette saison. Il dispose d'un staff et d'un effectif solides sur le papier, ainsi qu'un public fidèle.
Cependant, le National est un championnat difficile et très dense, comme nous l'avons vu l'an dernier. La concurrence sera rude avec des équipes comme Nancy, Valenciennes, QRM, Le Mans, Dijon, Concarneau … La clé sera la régularité, une qualité que l'équipe n'a pas réussi à avoir la saison dernière.
Passons à présent à la rencontre de vendredi entre Sochaux et Le Mans, comment voyez vous la rencontre ?
Les résumés des matchs que j'ai vus du Mans montrent que c'est une équipe difficile à bouger, mais qui se cherche encore offensivement. Ils sont dangereux sur coups de pied arrêtés, et il faudra être attentif sur cette phase de jeu, où notre équipe était particulièrement fébrile l'an dernier. Historiquement, Le Mans est une équipe qui réussit plutôt bien à Bonal.
Le 2-2 de l'an dernier lors du "match des Socios" nous reste encore un peu en travers de la gorge, même si le résultat était plus que mérité pour les Manceaux. Cependant, le scénario nous laisse un goût amer, d'autant plus que c'était le match rendant hommage à l'engagement des socios avec un maillot spécial sur lequel leurs noms étaient imprimés.
Pour conclure, quel est votre pronostic ?
Pour le public de Bonal qui reprend le travail, une belle soirée estivale avec une victoire 2-0 de Sochaux me satisferait amplement. J'espère qu'un jour prochain, nous pourrons à nouveau assister à une affiche Sochaux contre Le Mans en Ligue 2 ou en Ligue 1.
Nous remercions Florian Pasqualini d'avoir accepté de répondre à nos questions. Vous pouvez suivre «Association Sociochaux» sur X.
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