Le Mans - Boulogne-sur-Mer : l’avant-match

Les Manceaux, en plein festival offensif, vont retrouver pour ce match retour, d’anciens adversaires qui les avaient tourmentés auparavant : Boulogne-sur-Mer. Focus sur une rencontre entre deux nouvelles forces vives du championnat de National.

Du stade Gaston-Gérard, nombreux ont été les supporters qui en sont ressortis avec le sourire jusqu’aux yeux. Normal : ce n’est pas tous les jours que l’on inflige chez l’adversaire, un violent 5-0. Oui, Dijon a subi à la maison la plus large victoire des Manceaux depuis le début de la saison en National. Et oui, ce match a, un peu, confirmé l’opinion qui germait dans les esprits sang et or : quelque chose a changé dans le groupe de Patrick Videira. Une progression, plus que flagrante, se déroule match à match, mettant au jour de nouveaux talents qui se montraient auparavant discrets. Cependant, les Manceaux auront une lourde tâche ce soir : venger cette douloureuse défaite marquée au fer rouge d’un grandiose triplé de l’ancien joueur sarthois, Thibault Rimbaud. Comment vont réagir les manceaux face au dauphin de National : vont-ils poursuivre sur leur lancée, ou bien reprendre leur mauvaise habitude et se plier devant leurs adversaires ?

Après avoir vu le potentiel de leur équipe, les Manceaux n’attendent qu’une chose : avoir des lumières dans les yeux. | ©MickaBrn_Pix

Le Mans : la victoire, avec la classe

Il y a longtemps que Le Mans ne s’est pas targué d’être une des équipes les plus efficaces du championnat. Leur début de saison, pourtant, ne prêtait pas à sourire. Mais depuis la deuxième partie de saison, le groupe a repris des couleurs, et s'est métamorphosé. Depuis les victoires à domicile contre Concarneau, et à l’extérieur face à Villefranche et Dijon, les compteurs de but des offensifs de l’équipe ne font qu’augmenter, et la structure du jeu a désormais du tranchant, de l’efficacité. Et cette évolution s’est faite sentir au tableau des points, puisque Le Mans est maintenant quatrième, à seulement 4 points d’écart de leur adversaire de ce soir. Et même si tout n’est pas parfait, comme du côté de la défense, on sent que des automatismes se créent, et une certaine stabilité prend forme dans les feuilles de match de Patrick Videira.

Même dans la défaite, les Sang et Or restent ensemble, unis pour le meilleur comme le pire. | ©MickaBrn_Pix

Et si on ne peut que louer les actions de Bernardeau ou Burlet, c’est parce qu'il est primordial de rappeler que ce milieu de terrain, autrefois vrai tare de l’équipe, s’est aujourd’hui densifié, a pris du volume, et est devenu bien plus compétitif. Est-ce que ce progrès restera durable et constant ? Il le devra, car les Sarthois ont laissé s’échapper trop de points durant la première partie de saison. Ils rattrapent leur retard, certes lentement, mais l’osmose qui se crée dans le groupe semble annoncer des heures plus reluisantes pour Gueye et ses coéquipiers. Une zone d'ombre est cependant à signifier : la (prévisible) défaite face à l’imprenable Paris Saint-Germain. Ce court revers de 2-0 signe la fin d’un magnifique parcours en Coupe de France de la part du Mans, qui a su mettre en valeur des attaquants comme Vula ou Rabillard. Oui, la marche était peut-être trop haute, mais au fond, les hommes de Videira peuvent sortir de la compétition la tête haute, fiers d’avoir hissé le club à un stade qu’il n’avait pas atteint depuis belle lurette. 

Les cinq mois de championnat qui vont suivre risquent d’être intenses, et épuisants pour un groupe où les alternatives au poste clés sont rares. Ainsi, même si nous espérons que rien n'arrive, un risque de blessures est toujours présent, comme le montre le cas d’Arnold Vula, blessé contre Villefranche. Un signe, peut-être, qu’il ne faudra pas confondre vitesse et précipitation. Le staff aura donc la précieuse mission de savoir allier régularité, assiduité, mais aussi repos et récupération, afin de faire tourner l’effectif. 

Les Manceaux tiendront ce soir, l’occasion de signer un nouvel exploit, contre un dangereux second du championnat, Boulogne. Le dauphin de National a soif de victoires, et cette rencontre pourrait bien réduire l’écart avec le leader nancéien.

Pas de raisons de perdre espoir donc, mais il est essentiel dans ce genre de match-clé de savoir garder les pieds sur Terre, et ne pas tomber dans le piège du surjeu, et du surmenage.

Aujourd’hui, dans les travées du stade Marie Marvingt, ou dans les parcages visiteurs, les Sang et Or ne sentent plus seulement l’emblématique odeur mélangée de cigarette et de bière qui règnent dans nos stades français. Ils humectent aussi, un léger parfum de bonheur.

Boulogne : se battre pour le podium.

Le vent semble pour l'instant gonfler à pleine voile le bateau qui guide les joueurs de Boulogne vers la montée. Le destin sourit enfin aux nordistes, qui ont trop connu l’enfer des rétrogradations successives, et les divisions inférieures. Et il semble que les Boulonnais aient relevé le défi avec brio, puisque peu de monde s’attendaient à les voir se hisser aussi haut dans le tableau des points. Mais quelle est donc la recette miracle qui a permis d’enchaîner les victoires, et devenir un des favoris au titre ?

Nous pouvons déjà citer la merveilleuse cohésion qui règne dans ce groupe.  Les joueurs s’entendent tous, certains sont même des vétérans des braves heures de National 2. Et c’est à force de se connaître les uns les autres sur le bout des doigts, que se créent des interconnexions, permettant de la fluidité et de la rapidité dans le jeu. La figure du coach y compte pour quelque chose. Entré dans la sphère de l’US Boulogne en 2017, en entraînant la réserve, Fabien Dagneaux illustre bien l’esprit de résilience qui règne chez le promu de National 2. À l’aide de son adjoint Anthony Leconte, il a su imposer sa patte au sein d’une division qui n’était pourtant pas acquise à sa cause.

Les promus boulonnais peuvent savourer leur actuel place de second, après avoir passé des temps difficiles en National 2 | ©Site officiel de l’USBCO

Les individualités comptent aussi pour beaucoup, car des joueurs comme Thibault Rimbaud, meilleur buteur de son équipe, ou le milieu Demba Thiam, dynamisent le jeu entre les lignes, et permettent à cette formation de dominer leur adversaire, non seulement sur le terrain, mais aussi sur le tableau du score. Leur flagrante montée au summum a cependant été freinée par la trêve hivernale, car Dijon, Sochaux et Bourg-en-Bresse ont calmé les ardeurs des Boulonnais. Ainsi, on ne peut que s’attendre à une équipe regorgeant d'atouts, disposant de joueurs décisifs et d’une structure solide, qui poseront sûrement beaucoup de problèmes aux joueurs manceaux. 

Mais attention à ne pas sous-estimer les Sarthois qui sont en ce moment en pleine bourre, et qui n'hésiteront pas à cadrer devant les buts. Les hommes de Videira n’auront aucun scrupule pour laver l’affront fait au stade de la Libération, où la performance XXL de Rambaud, passé par les terrains de la Pincenardière, les avait enterré pour de bon. Et dans le couloir, beaucoup se repasseront l’image de ce but marqué par l’avant-centre depuis le milieu de terrain. Une plaie que les Sang et Or ont du mal à la renfermer.

Les Noirs et Rouge ont ainsi tout intérêt à montrer leur meilleur visage lors de cette rencontre. Si une victoire représenterait quelques points confortables au classement, un revers arrangerait bien du monde, comme Orléans, ou… Le Mans, qui talonne les Nordistes à seulement 4 unités. Attention donc, à ce que le vent ne tourne pas des Hauts-de-France à la Loire.

Les joueurs à suivre

Si l'US Boulogne peut bien se targuer de quelque chose, c’est bien de sa capacité à savoir se défendre efficacement. Les joueurs de Fabien Dagneaux font ainsi partie des meilleures défenses du championnat avec seulement 19 buts encaissés. Cette statistique est en partie possible grâce à un homme : le gardien de but Yannick Pandor. Le comorien prêté par leurs voisins lensois fait à Boulogne-sur-Mer, un formidable travail. Ses 7 clean-sheets, ainsi que ces nombreux arrêts, permettent de sécuriser la cage boulonnaise, et donner confiance à sa défense, pour qu’elle priorise le secteur offensif. Il sera donc primordial pour les Sarthois, de savoir gérer le portier, qui n’hésitera pas à sortir les plus belles parades pour sauver l’honneur et le score de son équipe, dauphine de National, et qui espère le rester.

Malgré leur sortie en Coupe de France, les individualités mancelles ont été mises en lumière durant ce tournoi . | ©MickaBrn_Pix

Qui choisir entre tous, après d’aussi belles performances ? Un joueur sort quand même du lot, et il porte le nom de Vincent Burlet. Le latéral est en pleine expansion, son jeu technique a évolué, et cela porte ses fruits, comme le montre le doublé face à Dijon. Positionné piston gauche dans le système à 5 défenseurs de Videira, le Belge prêté par les Dogues fait des dégâts dans son couloir, en jouant entre les lignes, et en centrant des bons ballons pour ses compères, comme Martin Rossignol, Rabillard ou Gueye. Les yeux seront donc posés sur ce jeune rempli de potentiel, qui s’installe petit à petit comme un des joueurs incontournables de la formation mancelle.

Les groupes : 

Le Mans FC : Hatfout, Kocik - Burlet, Eyoum, Lamgahez, Matumona, Ribelin, Voyer - Bernardeau, Lauray, Quarshie, Rossignol - Diliwidi, Gueye, Oudjani, Rabillard, Vula

Absents : Amir, Dekoke, Delbecque, Nonnenmacher, Oggad, Ouchen, Tronchet (choix/réserve) ; Colas (réathlétisation) ; Yohou (maladie) ; Boissé (suspension)

Entraîneur : Patrick Videira

US Boulogne Côte d’Opale : non communiqué

Entraîneur : Fabien Dagneaux