Après une semaine de repos, les joueurs de Patrick Videira ont ce soir l’occasion de remporter une nouvelle victoire face à la lanterne rouge de National, Châteauroux. Examinons ensemble la rencontre entre deux antipodes du championnat.
Sur le terrain, 11 joueurs contre 11, avec pour seul objectif d’aller toujours plus haut, toujours plus loin. Ce vendredi, deux adversaires aux dynamiques complètement opposées s’affronteront. L’un vit l’euphorie des victoires, l’autre subit l’enfer du bas de tableau. L’un voit ses joueurs se sublimer à chaque minute de jeu, l’autre voit les défaites miner le moral de son effectif. Et quand ces deux équipes s’opposent, David finit souvent par fléchir face à Goliath.
Pourtant, ces matchs n’ont rien d’inintéressant. Bien au contraire, ils permettent de comparer les différentes tendances des équipes du National et d’observer les réactions de chacune face à un adversaire au style de jeu différent. Invaincus depuis 10 matchs, les Sang et Or sont en bonne voie pour accéder aux places qualificatives de Ligue 2, frôlant du bout des doigts ce qu’ils recherchent depuis tant d’années.
Du côté de l’ex-PSG du National, on lutte désespérément pour assurer le maintien de l’équipe, après avoir été miraculeusement repêchés de N2 sur décision de la DNCG. Alors, que penser de ce match qui semble d’emblée acquis aux Sarthois ? Va-t-on assister à une nouvelle victoire du Mans, qui conforterait sa place dans le peloton de tête ? Ou bien, assistera-t-on à un exploit des Berrichons, qui surpasseront crampes et doutes pour accomplir l’impossible et se rapprocher d’un sauvetage inespéré, évitant ainsi une chute fatale dans la division inférieure ?
Messieurs, mesdames, installez-vous confortablement au stade ou chez vous, et savourez l’instant. Car, quel que soit le vainqueur de la rencontre, nous assisterons, ce soir encore, à une leçon de football.
Le Mans : passage à la vitesse supérieure
Le football, c’est avant tout des surprises. Que ce soient la victoire des Bleus contre le Brésil en 1998, la remontada 6-1 au Parc des Princes par un Barça en folie, l’étoile à jamais la première sur le maillot de l’OM, ou encore le parcours de Brest en coupe européenne. À l’heure où tout s’informatise et se met sous forme de statistiques, où l’on fait du ballon rond une science infaillible, il reste, fort heureusement, une marge d’imprévu, qui peut vous transformer une quelconque rencontre en légende du sport.
Dans une moindre mesure, on peut affirmer que cette ascension des Manceaux, du ventre mou au toit du classement, était tout sauf prévisible. Et les premiers étonnés sont probablement les joueurs eux-mêmes, qui semblent découvrir match après match les talents qui se cachent au bout de leur semelle. Finis les incertitudes, les 90 minutes où les supporters prient tous les saints pour ne pas encaisser trop de buts, et n’espèrent même plus voir leurs attaquants cadrer le moindre tir. À l’équipe molle, lente, sans ambition, s’est substitué un groupe regorgeant d’éléments techniques tous flamboyants à leur manière, le tout articulé dans un plan tactique qui fait un peu plus ses preuves chaque semaine.
Si les Sarthois connaissent maintenant leurs qualités, ils savent également que la fin du championnat ne sera pas une promenade de santé collective. Le Mans FC est en effet arrivé tel un voleur dans une tête de championnat visiblement peu préparé à une remontée si vive. Et que ce soient parmi les autres membres du podium, Nancy et Boulogne, ou bien chez les formations talonnant les Sang et Or, tels qu’Orléans, Valenciennes, ou Dijon, la volonté de divulguer cette place est tentante, et le moindre faux pas sera une occasion en or pour l’un d’entre eux. Ainsi, le Mans FC ne doit surtout pas négliger ce match, bien qu'il se montre de façade joué d’avance. Car après avoir soufflé un instant la semaine dernière, il est crucial de récolter trois points avec ce match, qui seront autant sur le plan comptable que moral, une source de sécurité, en prévision du calvaire des dernières journées de la saison.
Alors, sont-ils prêts, les camarades d’Antoine Rabillard, d'Ali Ouchen et de Vincent Burlet ? Si on réfère au match contre Quevilly-Rouen, nous avons affaire là à un groupe qui peut clairement aller loin dans ce championnat. Mené peu de temps après le coup d’envoi sur un but de Leborgne (16’), les Sang et Or ont su se rattraper avec rapidité et efficacité par une frappe chirurgicale de Martin Rossignol (18’), puis ont su donner le coup de grâce en deuxième mi-temps avec l’action du très en forme Kembo Diliwidi (86’). Adaptation, cohésion, mentalité de vainqueur, … tels sont les maîtres mots de cette nouvelle équipe sarthoise, maintenant formatée non plus pour seulement jouer, mais bel et bien gagner.
L’objectif est, comme l’a précisé le coach en conférence de presse, de grappiller le maximum des “30 points disponibles” avant le coup de sifflet final de la saison. Pour cela, il ne suffira que de continuer sur la même lignée qui fut tracée début décembre avec cette victoire contre Valenciennes 2 à 1. Et parce que la perfection n’existe jamais, il faudra, quand même, se concentrer plus sur la solidité défensive pour éviter d’encaisser des tirs qui pourraient gâcher le goal-average, un atout de taille en cas de coude-à-coude dans le temps additionnel du championnat.
Mais si nous nous attardons sur des détails, c’est surtout parce que le gros-oeuvre a été fait avec brio par le staff de Patrick Videira. Et les fans manceaux attendent avec impatience la fin des travaux, afin que le Mans FC puisse enfin déménager sur son nouveau terrain : celui de la Ligue 2.
Châteauroux : après la pluie, la tempête
Ce 11 juillet 2024, un vent de calme et d’espoir a probablement soufflé sur les plaines du Berry. Les supporters de Châteauroux ont cru à un miracle, un cadeau du ciel, car leur équipe de cœur était sur le point de dégringoler en National 2, plombant ainsi les espoirs d’un éventuel succès en troisième division. Mais si la joie fut intense, elle sera tout aussi brève. Car l’ancien vétéran de National, surnommé “le PSG” du championnat, n'a fait que chuter depuis le début de la saison : c’est une dégringolade, minutieuse et douloureuse, qui se déroule sous les yeux des joueurs du brésilien Cris.
En 22 matchs jouées, la Berrichonne de Châteauroux n’a réussi qu’à prendre 21 points sur 66 disponibles, soit à peine le tiers. D’un point de vue statistique, elle porte les tristes titres de pire défense du championnat avec 42 buts encaissés, et fait partie des attaques les moins productives. Pour se maintenir, les Castelroussins devront donc faire un effort quasi surhumain, et enchaîner des victoires qu’ils ont déjà eu du mal à atteindre.
Parmi les raisons de ce marasme, on peut évidemment évoquer cette préparation estivale très courte et tardive, due bien sûr à cette attente de la décision des instances du football. Et comment créer un groupe solide et connecté, quand on ne sait pas à l’aube du début du championnat dans quelle division jouera-t-on ? On peut ajouter également que la stratégie de Châteauroux n’a jamais été clairement posée. Le changement d’entraîneur fin octobre, avec le passage de Patrick Lair à Cris, a bouleversé les bases fébriles posées en début de saison. Enfin, la faible densité de l’attaque peut empêcher l’effectif de tourner, et peut provoquer de la fatigue chez les ténors de l’équipe.
Pour autant, faut-il considérer la Berrichonne comme acquise d’avance ? Les dernières performances tendent à penser le contraire. Avec une série de 3 victoires d’affilée, les compères de Mamadou Diallo sont peut-être sur l’entrée du chemin du renouveau. Les 4 unités inscrites, certes marquées face à des adversaires jouant en bas de tableau (QRM, FC Rouen, et Concarneau), ont sûrement dû gonfler les voiles d’un groupe castelroussin en quête de certitude. Les Sang et Or ne devront donc pas sous-estimer cet effectif qui certes, ne brille pas par ses performances, mais dont la détermination de maintien peut bousculer le plan de jeu manceau. Il faut toujours se méfier de l’eau qui dort.
Les joueurs à suivre
Si on devait choisir un des moteurs de cette équipe de Châteauroux, notre regard se porterait vers l’avant-centre Mathis Clairicia. Faisant partie des meilleurs buteurs du club avec 5 réalisations, le joueur de 28 ans a fait ses classes au FC 91 Fleury, pour ensuite continuer chez les jeunes du Clermont, et à Evian-Thonon-Gaillard. Présent dans 10 des feuilles de match de cette saison, il joue un rôle primordial dans les dernières réussites du club. Ainsi, celui qui va de pair avec Giovani Versini saura faire douter les défenseurs manceaux, et amener quelques buts précieux pour le goal-average de son équipe.
Si notre équipe regorge de talents, nous mettons aujourd’hui le projecteur sur un jeune en pleine bourre en ce moment. Kembo Diliwidi, prêté par le RC Lens, et arrivé pendant la trêve hivernale pour étoffer l’effectif manceau, arrive à s’intégrer petit à petit dans la feuille de match de Patrick Videira. Auteur de la réalisation qui mènera à la victoire face à Quevilly-Rouen, l’international français a fait sensation dans l’équipe réserve, avec un splendide quadruplé face au SC Beaucouzé. Des performances très séduisantes pour un élément de l’équipe qui n’a pas vocation à finir titulaire, mais dont le statut évoluera sûrement s’il garde un tel rythme de croisière.
Les groupes
Le Mans FC : Hatfout, Kocik - Burlet, Lamgahez, Matumona, Ribelin, Voyer, Yohou - Bernardeau, Lauray, Ouchen, Quarshie, Rossignol - Diliwidi, Gueye, Rabillard, Vula
Absents : Amir, Boissé, Dekoke, Delbecque, Nonnenmacher, Oggad, Olery, Oudjani, Tronchet (choix/réserve) - Colas (soins) - Eyoum (suspension)
Entraîneur : Patrick Videira
LB Châteauroux : Cognard, Konaté -Pelletier, Mendy, Pierre, Diallo, N'Goma, Versini, Clairicia, Umbdenstock, Magnora, James, Chraibi, Colella, Agounon, Tormin
Entraîneur : Cris
L'oeil de la rédac'
Malgré des classements diamétralement opposés, ce sont deux équipes aux dynamiques incroyables qui s'affrontent ce vendredi soir. Il faudra aborder cette rencontre comme un match de coupe pour éviter toute forme de suffisance face à une équipe en quête de points pour assurer son maintien. Pendant qu'Orléans recevra Boulogne au Stade de La Source, la rédaction prévoit une victoire du Mans, ce qui pourrait permettre aux Sang et Or de s'emparer de la deuxième place du classement ou de creuser l'écart avec la quatrième place.
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