Remontant peu à peu les places du championnat, les Manceaux tenteront ce soir d’empocher 3 nouveaux points face à la fébrile formation normande. Analyse d’une rencontre entre deux équipes aux dynamiques opposées.
On gère, on enchaîne, et on grimpe, doucement mais sûrement. Telle est l’image que dégage cette bouillante équipe du Mans, qui a plus que bien entamé la deuxième partie du championnat. Qui aurait cru en début de saison, même parmi les plus fervents supporters manceaux, qu’à la 23e journée de championnat, les Sang et Or se placeraient sur la troisième marche du podium ? Pour ainsi dire, peu de monde, et même chez les principaux concernés, qui ont vu leurs visages s’illuminer petit à petit au fil des matchs. Le Mans FC montre donc que le football reste tout de même un sport où le sort n’est pas jeté d’avance, et qu’avant le coup de sifflet final du dernier match de la saison, tout peut basculer, et se chambouler en l’espace de quelques semaines. Cette incertitude profite à certains, mais défavorise d’autres.

Tenez donc ce discours à nos adversaires normands de ces soirs, et ils vous répondront que même dans leurs plus mauvaises nuits, jamais ils auraient imaginé que leur équipe stagnerait deux années de suite dans les zones les plus basses du championnat. L'autre club rouennais de National vit en effet un difficile retour en troisième division, et enchaîne les désillusions depuis plus de deux mois. Et malgré un bref sursaut d'orgueil début janvier, c’est une coulée, lente et douloureuse, que les supporters rouges et jaunes du stade Robert-Diochon subissent depuis le début du championnat.
Dans cette rencontre aux enjeux différents, qui des deux protagonistes prendra le pas sur l’autre pour remporter quelques précieux points, pour grimper un peu plus haut sur le podium, ou pour se sortir du bas de tableau ? Si le match semble favoriser les Manceaux, notamment au vu des individualités présentes ce soir et de l’état de forme général, il faudra aussi se montrer méfiant face à une formation en quête de certitudes, qui n’hésitera pas à s’engouffrer dans la moindre faille pour venir y renverser le cours du jeu.
Le Mans : bienvenue dans la tête du peloton
Le football n’est pas si différent du sport auto, finalement. Deux activités où tout se joue sur des détails, et où le feu de l’action ne se déroule pas pendant les tours de chauffe, mais bel et bien sur la dernière ligne droite. Le Mans, ville aussi passionnée par les bruits de moteurs que par celui du cuir des ballons ronds, sait en effet qu’une remontada est toujours possible, à ceux qui en ont la détermination. Et pour rester dans la métaphore automobile, on peut aujourd’hui dire que les Manceaux ont opéré un magnifique dépassement, car passer de la onzième place au 10 janvier, à la troisième le 28 février, reste malgré tout une performance louable.
Oui, Patrick Videira peut être fier du chemin parcouru. Car considérer qu’une victoire 1-0 “n’est pas un grand match”, pour citer l’entraîneur manceau après le match à Bourg-en-Bresse, c’est aussi augmenter ses exigences, et ne plus se contenter du mieux, mais du meilleur. Ce groupe semble avoir mûri, pris conscience de ses forces et aussi de ses faiblesses. Avec un plan de jeu bien huilé, le staff Sang et Or crée aujourd’hui un cador du championnat en puissance. Et on ne peut que se réjouir de voir des jeunes comme Martin Rossignol ou Vincent Burlet, autrefois maladroits avec le ballon, s’épanouir aujourd'hui sur la pelouse, en dévoilant leur qualité technique, et leur capacité à aller de l’avant.

L’unique caillou dans la chaussure se situerait peut-être au niveau de la défense, avec encore quelques ballons encaissés dus à des moments de relâchement venant de l’arrière-garde. Mais rien d’affolant non plus, et ce ne sont pas les deux pauvres buts concédés sur 5 rencontres qui viendront remettre en cause les immenses progrès faits par les défenseurs Sang et Or. Ce soir, les Sarthois ne jouent certes pas le match le plus déterminant de la saison, mais assurer une victoire permettrait de gratter quelques précieuses unités sur Nancy et Boulogne, deux grosses écuries qui ont bien du mal à lâcher la pole position.
Quevilly-Rouen : silence, on souffre
Il faut avoir le cœur bien accroché quand on est un supporter de Quevilly-Rouen. Si les larmes de joie ont dû couler quand le club a été promu en deuxième division en mai 2021, celles de déception et d’amertume ont depuis prise place en ce début de saison en National. Car l’ancien pensionnaire de Ligue 2 pouvait réellement compter sur des forces vives pour assurer cette saison, comme nous vous l’avions expliqué en pré-saison avec notre article du Tour de France. Le coach fraîchement arrivé cet été, David Carré, avait entre les mains d’anciens profils hérités de la division supérieure, tel que le défenseur central Nadjib Cissé, mais également des habitués des terrains de National, comme l’ex-portier passé par les cages mancelles, Pierre Patron.

Des jeunes issus de prestigieuses formations comme Noah Adekalom, sorti du centre auxerrois, pouvaient devenir les game-changers de cette équipe, et porter cette formation au plus haut. Un combo de choc, qui faisait planer des espoirs de haut de tableau, voire de montée, pour le club rouennais. Mais voilà, la mayonnaise n’a pas pris, le déclic tant attendu n’est pas arrivé, et la lente descente dans les abîmes a commencé. Ils touchent une première fois le fond avec un revers contre…. Le Mans, sur le score de 2 à 1. Ils se relèvent ensuite difficilement, pour stagner aujourd’hui avec peine au-dessus de la zone rouge. Alors, comment changer la donne ? Comment renverser la tendance, pour que la saison se termine d’une meilleure manière qu’elle ait commencé ?
Le problème se trouve peut-être dans le manque de discipline normand, car Quevilly-Rouen fait partie des équipes les plus sanctionnées, avec 53 cartons jaunes/rouges confondus, privant ainsi le groupe de précieuses individualités. Tout n’est cependant pas perdu. Le déplacement au stade Marie-Marvingt est bien sûr difficile, car les Manceaux sont actuellement dans une forme olympique, et ne vont pas faire de cadeaux aux rouennais. Seule une performance collective extraordinaire pourrait renverser le cours du match. Et même la plus infime des victoires pourrait remettre les Normands dans le cap du maintien. Ils doivent faire vite, car pour le moment, le navire de Quevilly sombre de plus en plus dans les abîmes du championnat.
Les joueurs à suivre
Les Normands ont tout à gagner dans ce match qui ne leur est pas favorable sur le papier. Pour parvenir à décrocher à minima le match nul, QRM va devoir jouer cartes sur table dès les premières minutes de jeu. Et parmi ses atouts, elle peut compter sur un élément au profil particulièrement tranchant, posté en tant que milieu offensif de l’équipe. Belkacem Dali-Amar, passé par Martigues, Marignane GFC et Aubagne, pourrait agir comme un électron libre dans le champ offensif rouennais, aspirant vers lui les défenseurs Sang et Or grâce à sa maîtrise balle au pied. Il ouvrirait ainsi le champ à l’ancien angevin Isaac Tshipamba, ou encore au réunionnais Noah Adekalom, pour provoquer l’arsenal défensif du Mans, et déstabiliser la cage protégée par Nicolas Kocik.

Pour une fois, ce n’est pas un offensif que nous mettrons en lumière côté manceau, mais bel et bien un défenseur. Harold Voyer est ainsi le symbole d’une défense meurtrie par les défaites, qui reprend pas à pas de la confiance, et aussi du poil de la bête. Le joueur de 27 ans, passé par les catégories jeunes du Paris Saint-Germain, a su endosser le rôle de patron de l’arrière-garde mancelle durant l’absence de Samuel Yohou, qui s’était écarté des terrains pendant quelque temps pour raison médicale. Sa maturité et son sens du jeu se démontrent par ses interventions défensives chirurgicales, son jeu long, et et sa faculté de dépassement de fonction. Et il faut croire que les efforts paient, puisqu’il récolta pour ses deux dernières prestations, les notes très correctes de 7,1 et 7,9 , dans le cadre de l’élection du Manceau du match. Un élément en pleine progression, et qui illustre lui aussi, la magnifique métamorphose du groupe de Patrick Videira.

Les groupes
Le Mans FC : Hatfout, Kocik - Burlet, Eyoum, Lamgahez, Matumona, Ribelin, Voyer, Yohou - Bernardeau, Quarshie, Ouchen, Rossignol - Diliwidi, Gueye, Oggad, Rabillard
Absents : Amir, Boissé, Dekoke, Delbecque, Oudjani, Tronchet (choix/réserve) - Colas, Olery, Vula (réathlétisation) - Nonnenmacher (retour de maladie) - Lauray (suspension)
Entraîneur : Patrick Videira
Quevilly-Rouen Métropole : Bedfian, Bonnevie - Chibani, Cissé, Dede Lhomme, Diallo, Pionnier, Soilihi - Capron-Litique, Dali-Amar, Fortuné, Leborgne, Pirringuel, Vandenbossche - Adekalom, Jarju, Tshipamba
Absents : Patron (choix) - Njiké, Owusu, Sylva (suspensions) - Bouekou, Tré (blessures)
Entraîneur : David Carré
L'oeil de la rédac' Au top de sa forme, Le Mans FC agit en mode rouleau compresseur depuis quelques semaines ! Face à une équipe classée en bas de tableau, il faudra faire attention à ne pas rentrer dans une forme de suffisance et sous-estimer l'adversaire du soir. Si les yeux seront aussi rivés à Marcel-Picot où Nancy, leader reçoit le dauphin, Boulogne-sur-Mer, une victoire mancelle permettrait de gagner du terrain sur l'une des deux formations. Dans la lignée de leur forme, la rédaction imagine bien une victoire sarthoise en ce dernier jour du mois de février.
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