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Matthias Manteghetti : "Le football provençal est particulier"

Comme chaque année, la Zone Mixte de la Tribune Mancelle poursuit son tour des terrains adverses. Le principe ? Interviewer une personnalité qui connait bien le prochain adversaire du Mans FC pour obtenir son analyse sur l'équipe et le match à venir.



Une semaine après la déculottée subie face à l'AS Nancy-Lorraine, les Manceaux doivent réagir face au petit poucet de ce championnat, Aubagne FC. 12èmes, les Provençaux réalisent un début de saison cohérent avec des moyens très limités. Matthias Manteghetti, commentateur FFFtv pour les matchs d'Aubagne, nous fait découvrir ce petit club, masqué par le géant marseillais.



Bonjour Matthias, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?


Bonjour, je m'appelle Matthias Manteghetti. J'ai travaillé comme journaliste au service football de Canal+, où j'ai commenté les matchs, fait des interventions en bord terrain et participé à des duplex ainsi qu'à des documentaires comme celui de l'émission Sport Reporter sur Boca-River Plate.


En 2021, après sept ans chez Canal+, j'ai décidé de retourner vivre dans le Sud de la France, je me suis lancé dans un nouveau projet professionnel en créant ma société (Double M) spécialisée dans la communication et l'évènementiel. Depuis cette année, j'en profite pour commenter à nouveau les matchs notamment ceux d'Aubagne à domicile.



Aubagne est "un petit nouveau" dans ce championnat, avec une montée historique obtenue au printemps dernier. Que pouvez-vous nous dire sur ce club provençal ?

Aubagne s'inscrit dans la lignée des autres clubs de la région comme Marseille-Consolat, par exemple. Pour ces formations, il est difficile de trouver sa place dans le paysage marseillais, car l'Olympique de Marseille est le gros club de la région. L'OM monopolise l'écosystème local avec des partenaires qui préfèrent s'affilier avec eux pour des raisons financières, plutôt qu'aux autres clubs du département.



Aubagne est encore un club amateur, avec des infrastructures modestes : les maillots du club n'affichent pas toujours le logo d'Aubagne FC. Malgré tout, et malgré la forte présence de l'OM, le club s'en sort et se stabilise dans les divisions inférieures. Aujourd'hui, il est difficile d'affirmer si le club aubagnais pourrait viser une montée en Ligue 2 à moyen terme : il est taillé pour évoluer en National ou National 2. Une montée en Ligue 2 pourrait être délicate pour Aubagne car les moyens nécessaires sont trop importants par rapport à ce qu'ils ont aujourd'hui. L'objectif est d'abord de se stabiliser en National et de se structurer avant d'espérer mieux.



L'été dernier, un projet de fusion entre Aubagne, Air Bel et l'ES Pennoise était au cœur des discussions, mais il n'a finalement pas abouti. Selon vous, quelles sont les raisons de cet échec ?


L'entente se met en place au sein des catégories jeunes, mais pour l'équipe première, je pense que le timing n'était pas idéal. Avec l'accession d'Aubagne FC à un niveau semi-professionnel, il fallait peut-être éviter un projet trop ambitieux pour le moment. Dans notre région, le football provençal est particulier, car tout le monde veut garder leur indépendance et leur pouvoir. La direction du club aubagnais a probablement choisi temporiser, pour d'abord stabiliser et structurer le club après cette montée historique en National. Un projet de fusion à ce stade aurait pu fragiliser la dynamique de l'équipe. Cela dit, l'entente aurait pu apporter davantage de moyens au club. Mais en passant avec succès devant la DNCG, le club a opté pour la temporisation.



Le football provençal semble en plein essor : outre l'OM, Martigues vient de monter en L2, Istres en N2, Marignane-Gignac était récemment en National, et maintenant Aubagne qui s'invite à ce niveau. Comment expliquez-vous cet élan du football en Provence ?

Je ne pense pas ce que ce soit un élan mais plutôt une période favorable, car ces clubs restent très fragiles. On a plusieurs exemples comme Istres FC, qui a atteint la Ligue 1, il y a quelques années avant de s'effondrer dans les bas fonds du football français, Martigues qui était en Ligue 2 au début des années 2000, avant de redescendre dans les divisions inférieures ou encore Marseille-Consolat qui était pas loin de la Ligue 2 mais qui a finalement implosé.


L'équilibre est fragile mais il faut profiter de cet élan car tout peut basculer rapidement. Par exemple, Martigues se refait une santé en Ligue 2, mais on voit que c'est compliqué pour eux, Aubagne, de son côté, peut très bien redescendre en National 2, et Marignane-Gignac portait un projet très intéressant mais aujourd'hui ils rencontrent des difficultés en N2. Comme je disais, c'est très complexe pour eux de rivaliser dans une région où l'Olympique de Marseille, est le mastodonte du football français. Avant d'espérer mieux, ils doivent d'abord se structurer et se renforcer sur plusieurs années.



Malgré une montée inattendue en National, un nouvel entraîneur, et des moyens limités, le club surprend avec un début de saison cohérent. Quels sont, selon vous, les ingrédients de ces bons premiers mois ?


Selon moi, les ingrédients du bon début de saison reposent sur l'élan et la dynamique de la saison dernière. Quand on est un club comme Aubagne, on s'appuie sur les bases solides établies en fin d'exercice. Je pense également que Maxence Flachez, le nouvel entraîneur, a rapidement trouvé la bonne formule avec son équipe type. Il a réussi à rendre une équipe très solide : toutes les défaites d'Aubagne ont été concédées par un seul but d'écart, ce qui est très respectable.


L'entraîneur a également le choix entre deux très bons gardiens, Jordan Gil et Lucas Lavallée, prêté par le Paris-Saint-Germain. Ils se répartissent le temps de jeu et réalisent de très belles performances. On peut également parler de Yassine Benhattab (élu joueur du mois d'août, ndlr) qui est très intéressant.



Le club a disputé ses premiers matchs à Fos-sur-Mer, à une heure de route environ d'Aubagne, car le stade De-Lattre de Tassigny n'était pas homologué. Comment les Aubagnais ont-ils vécu cette situation ? Peut-on affirmer que la FFF est trop stricte concernant l'homologation des stades ?

La situation a été vécue assez difficilement par les joueurs. comme le disait Adrien Coulomb, mon consultant et ancien joueur de Montpellier et d'Arles-Avignon, les joueurs ont leurs habitudes : ils arrivent à telle heure, posent leurs affaires à tel endroit etc... Les joueurs d'Aubagne n'ont pas pu créer ces repères et n'ont disputé qu'un seul match dans leur stade. Aujourd'hui, revenir à De-Lattre de Tassigny leur fait du bien, même si le stade est modeste avec une seule tribune et un petit pont au-dessus du stade où les personnes peuvent suivre le match. Les repères vont revenir progressivement.


Concernant l'homologation du stade, il ne faut pas taper sur les doigts de la FFF mais plutôt sur la ville d'Aubagne. La municipalité savait depuis la fin de saison dernière quels aménagement étaient nécessaires. Certes, les Jeux Olympiques ont compliqué les choses avec certaines équipes venues s'entraîner. Les travaux demandées n'étaient pas insurmontables, mais cela a tardé car les demandes ont été faites tardivement.


Il y a peut-être une DNCG "tatillonne" car le Stade Parsemain est conforme pour recevoir les matchs d'Aubagne mais pas ceux de Martigues, qui doit évoluer à Gueugnon pour des questions de sécurité. Cela révèle une certaine incohérence concernant entre les exigences de sécurité en Ligue 2 et en National.



On entend souvent parler du jeune Yassine Benhattab, prêté par Nantes cette saison après avoir signé chez eux cet été. Les Manceaux doivent-ils se méfier d'autres joueurs aubagnais ?


Oui, les Manceaux peuvent craindre Yassine Benhattab. Depuis le début de saison, on voit que c'est un joueur qui a énormément de talent, avec des fulgurances assez impressionnantes mais qui n'est pas encore assez régulier sur un match complet. C'est pour cette raison que le FC Nantes a fait le choix de le prêter ici, pour qu'il gagne en temps de jeu et qu'il progresse en terme de régularité et de consistance. Par moments, il manque encore un peu de maturité et peut s'entêter, mais quand il fait une différence, il peut faire basculer une rencontre.



Personnellement, je suis un grand fan de la doublette Ndiaye - Rouaï au milieu de terrain. Quand ils sont dans un bon soir, les deux joueurs sont assez impressionnants et très complémentaires : quand l'un monte, l'autre reste derrière pour soutenir la défense. Ce sont deux joueurs qui arrivent à se projeter et qui sont très bons à la récupération. Ousseynou Ndiaye de distingue par ses passes verticales rapides, il casse énormément de lignes. Mabrouk Rouaï, fait davantage de différence avec le ballon, en allant le chercher très haut. Quand ce binôme est en forme je suis quasiment sûr qu'Aubagne n'a pas perdu la rencontre.



Enfin, pour terminer, quel est votre pronostic pour le match ?

C'est un match qui va être très serré, qui pourrait se jouer sur un but d'écart s'il y a un vainqueur. Ce sont deux équipes qui sont toujours à la recherche de consistance et continuité, Le Mans reste sur une lourde défaite et Aubagne a eu du repos mais leur dernier match à domicile face à QRM a été très compliqué. J'hésite entre 1-1 ou 2-1 pour Aubagne.



Nous remercions Matthias Manteghetti d'avoir accepté de répondre à nos questions. Vous pouvez le suivre sur X et Instagram.

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