“Un derby ne se joue pas, ça se gagne !”
En voilà une bien belle citation qui doit motiver les joueurs sarthois. À Le Basser l’an dernier, les manceaux n’avaient pas pu être soutenus par leurs supporters, en raison de l’interdiction de public dans les stades. Ce vendredi, il en sera autrement et, cédons-le, quel pied ! Les deux derniers matchs du Mans FC à Laval se sont soldés par 2 défaites (3-1 en 2019, 2-1 en 2021), il faudra stopper cette série, surtout face à des Lavallois plutôt décevants sur leurs premières sorties.
L’arrivée de Laurent Lairy, pour succéder à Philippe Jan, a semble-t-il donné beaucoup d’espoir aux supporters tangos, d’autant plus que le président du club apparaissait très proche des supporters cet été. Un mercato très alléchant fit rêver les mayennais, bien qu’ils aient vécu les départs d’importants piliers à l’instar de Thomas Robinet (Châteauroux), Aliou Dembélé (St Brieuc) et Mohamed Ouadah (Dunkerque).
L’entrée en matière des joueurs d’Olivier Frapolli est surprenante mais progressive, 2 défaites pour commencer, poursuivies de 2 matchs nuls alors qu’ils restent sur 2 victoires avant ce derby du Maine. Côtés buteurs, ils ne sont que trois à avoir mis le cuir au fond. Jimmy Roye avait tiré de loin, Sébastien Da Silva bottait un pénalty face à Orléans alors que c’est Geoffray Durbant qui mène la danse avec ses 4 réalisations. L’ex-bastiais et sedanais part sur de très bonnes bases. Le Guadeloupéen est-il le joueur dont il faut se méfier le plus ? Sans doute, réponse ci-dessous !
La Tribune Mancelle est allée se renseigner auprès de Cyprien Legeay, journaliste de 25 ans passé par Ouest-France et pigiste pour France Bleu Mayenne. Ce professionnel de la rédaction partage une histoire concrète avec le Stade Lavallois puisque, natif de la Mayenne, il nous concédait avoir été bercé aux soirées de Ligue 2 au stade Francis Le Basser. Ces dernières années, Cyprien se rend au stade dès que l’opportunité se présente, cet illustre fan du voisin mayennais ne risque pas de changer de club fanion.
Découvrez, ci-dessous, les réponses de Cyprien aux quelques questions que nous lui avons posées. Mais avant ça, n’oubliez pas l’une de ses déclarations : “Laval, c'est le club que je supporterai toute ma vie, étant pur Mayennais. En revanche, comme je suis journaliste, je mets ce supportérisme de côté pour être le plus objectif possible. Mais cela ne m’empêche pas d'être à fond derrière l'équipe.”
La construction de l’Espace Mayenne pourrait-elle amener la ville et le département à se pencher sur le cas du stade Le Basser ?
Le projet du nouveau stade, c'est un serpent de mer... Si la construction d'une nouvelle enceinte avait été à la mode dans les années 2010, c'est aujourd’hui un projet de rénovation qui est à l'étude. Le nouveau président Laurent Lairy aimerait rénover, peu à peu, Le Basser pour achever les travaux en 2025-2026.
Les joueurs tango, lors de la reprise, derrière le coach Olivier Frapolli
© La Tribune Mancelle
Comment, depuis Laval, est jugé le mercato effectué et les performances sur les premiers matchs ?
Le mercato est l'un des plus ambitieux du National, tous les observateurs s'accordent à le dire. La nouvelle direction a fait de gros efforts financiers pour constituer un collectif solide avec des individualités prometteuses. Des renforts de poids en attaque avec Da Silva, Durbant et N'Chobi qui pèsent 30 buts l'an dernier à eux trois. Au milieu, avec Jimmy Roye et Jordan Adéoti, les Tango tiennent deux éléments qui ont un gros vécu en Ligue 2. Derrière, Laval s'est renforcé et a aussi pioché en National 2 avec Baptiste Etcheverria, un piston droit moderne, et Bryan Goncalves, véritable révélation du début de saison en défense centrale.
Au niveau des performances, Laval a commencé la saison avec deux défaites. Mais dans un nouveau collectif, les prémices d'une nouvelle identité de jeu se ressentaient déjà et les copies rendues étaient loin d'être inintéressantes. Là, les choses prennent forme et le Stade Lavallois reste invaincu sur les quatre dernières rencontres (2 victoires, 2 nuls). Même si beaucoup de choses sont encore à travailler, notamment la finition, les hommes d'Olivier Frapolli semblent sur la bonne voie.
Cette rencontre peut-elle déjà être un tournant pour Olivier Frapolli et ses joueurs, après un début de saison plutôt difficile ?
Bien sûr puisque Le Mans et Laval jouent pour le même objectif : la montée. L'année dernière, le Stade Lavallois avait pris trop peu de points sur les favoris au podium et cela se ressent en fin de championnat quand on fait les comptes. Si tu gagnes ce match, tu envoies un signal fort, tu te replaces au classement et tu lances une série avec trois victoires de suite. Et on le sait, dans ce championnat, il faut des séries.
Depuis la Mayenne, comment le club du Mans FC est-il perçu ?
Il est sûrement perçu comme Laval est vu au Mans : le rival. C'est l'ennemi mais il y a une forme de relation entre les deux clubs, une sorte d'histoire semblable, de passé commun, qui forme un lien.
(Le capitaine manceau, Ibréhima Coulibaly,
devrait être de retour pour le derby)
© Mickaël Bruneau Photographie
L’an dernier, Didier Ollé-Nicolle déclarait que les derbys étaient devenus des matchs lambdas, es-tu d'accord avec lui ? “Stade Lavallois MFC - Le Mans FC” est-il réellement devenu un match indifférent ?
On ne va pas revenir sur toutes les déclarations absurdes de Didier Ollé-Nicolle mais celle-ci en fait partie. Je vois deux problèmes dans cette phrase. Premièrement, quand tu dis ce genre de chose, tu envoies un mauvais signal à tes joueurs. Deuxièmement, c'est totalement faux. Demande à n'importe quel joueur ou supporter quel match a-t-il envie d'aller voir dans la saison, ce sera Le Mans. Le Stade Lavallois devrait faire la plus belle affluence de sa saison vendredi soir, ce n'est pas anodin. Pour en avoir discuté avec certains joueurs, ils ne prennent pas ce match comme un autre. C'est un derby. Tu as forcément un supplément d'âme dans ces rencontres. Concernant l’indifférence de cette rencontre ? Non, c'est impossible. Quand tu es supporter d'une des deux formations, à la sortie des calendriers en juillet, tu regardes d'abord les grosses affiches. Le derby en fait, bien évidemment, partie.
Une montée du Mans FC, en fin de saison, rendrait-elle les Lavallois amers de voir leur ennemi de toujours retrouver l’élite ou bien contents pour leurs voisins ?
Je ne pourrais pas m'exprimer au nom de tous les supporters alors je vais donner mon avis : ce serait une bonne chose. Parce que le football local y gagnerait, parce que ça tirerait tout le monde vers le haut, parce que le MMArena se doit d'avoir une équipe professionnelle qui y joue. Et puis, parce que si Le Mans doit un jour retrouver la Ligue 1, les Mayennais n'hésiteront pas à acheter un billet pour aller voir le PSG...
(L'effectif Lavallois à l'échauffement)
© La Tribune Mancelle
Quels seront, selon toi, les joueurs lavallois à surveiller dans ce derby ?
On peut citer Geoffray Durbant, l'homme en forme avec 4 buts lors de ses trois dernières sorties. Les clés du match se situent aussi au milieu. Il faut que Le Mans arrive à contrôler les montées incessantes de Jordan Adéoti et bien isoler Jimmy Roye pour que ce dernier ne puisse pas trouver d'angles de passes. Aussi, les latéraux mayennais seront à surveiller. Ils ont été décevants depuis le début de saison et Olivier Frapolli cherche encore la bonne formule.
Comment imagines-tu le déroulé de la rencontre ? Peux-tu nous donner ton pronostic ?
C'est difficile à dire. Le Mans, après sa défaite face à Sedan, va être revanchard. Laval surfera de son côté sur une vague de confiance après ses deux derniers succès… Je vois bien un match nul tant l'affiche semble équilibrée. Mais, comme je suis Lavallois, je vais dire 2-1 pour le Stade !
La Tribune Mancelle tient vivement à remercier Cyprien d'avoir pris le temps de répondre à nos interrogations. Bien que nous ne lui souhaitons pas la victoire, nous espérons que lui aussi passera un bon moment en assistant à ce derby du Maine.
Allez Le Mans !
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